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Un panéliste inspirant
Mise à jour : avril 2023.
Tout démarche d'innovation a besoin de panélistes inspirants. Ces hommes, ces femmes, ces enfants ou ces adolescents sont embarqués dans l'aventure de la génération d'idées et de la mise au point d'offres innovantes, parfois sans se douter qu'ils ont un don particulier pour la synthèse, pour la suggestion de voies d'investigation porteuses ou pour la stimulation de la créativité des autres membres du groupe. La littérature du management de l'innovation parle trop de panels, de groupes de réflexion, de communautés créatives, et pas assez de leur réalité, des profils et de la motivation de ses membres, comme s'ils étaient virtuels alors qu'il s'agit de personnes en chair et en os, le plus souvent passionnées et passionnantes. Car c'est la passion et la curiosité qui les poussent à s'impliquer, plus que la perspective d'un gain tangible.
Christophe Redon, pédicure-podologue à La Garenne-Colombes
Christophe Redon est créatif. Il aurait hérité des gènes de son grand-père, designer dans l’industrie, fort caractère, ayant refusé de travailler pour les allemands pendant la guerre, curieux de tout et générant une idée à la minute au bas mot. Très jeune, dès les années 1980 alors qu’il était encore au CM2, Christophe programmait sur un Thomson TO7, puis sur un Amstrad, des ordinateurs personnels dont seuls quelques rares pionniers connaissaient l'existence et surtout les usages potentiels. Pendant son adolescence, il a réfléchi à ce qui faisait qu'un métier avait de l'avenir. Sa conclusion : l'appartenance à des secteurs porteurs sur le long terme compte-tenu des tendances observables à l'époque, en particulier une croissance démographique globalement galopante, donc un besoin sans cesse plus grand de services de santé et de spécialistes en agronomie. Avant même le tournant du siècle, il identifiait que deux facteurs durablement et hautement structurants étaient le manque d’eau à l’échelle de la planète et le vieillissement d’une population ayant les moyens de se soigner. Il a alors décidé qu’il serait pédicure-podologue et qu’il prendrait son métier tellement à coeur, qu’il nourrirait sa pratique à des sources d’information et d’innovation si diverses, qu’il transformerait un jour sa profession pour en faire un pilier incontournable de la santé humaine. En effet, nous sommes pour la plupart d’entre nous posés sur nos pieds une bonne partie de la journée, et la façon dont nous le faisons a un impact non seulement sur notre attitude, notre posture, notre apparence et notre humeur, mais aussi sur les maladies que l’on a des chances de développer. "Montre-moi tes pieds, je te dirai qui tu es" pourrait être sa devise.
Curieux de tout
Aussi aujourd’hui, à 49 ans, Christophe s’intéresse à l’intelligence artificielle (pas seulement à l'occasion du surgissement de ChatGPT : il engrange de l'information sur le sujet depuis longtemps), à la programmation en langage Python, à l’approche holistique du corps humain telle qu’on l’enseigne en Suisse, en Belgique et dans le monde anglo-saxon (lieux où il se forme régulièrement), et a mûri sa patte, son positionnement, pour devenir ce que l’on pourrait appeler un corrélateur. Qu’est-ce à dire ? L’idée est qu’une seule profession spécialisée ne peut pas tout gérer, et que la bonne méthode pour abattre un trouble musculo-squelettique est de collaborer avec des kinésithérapeutes, des médecins, des ostéopathes, des praticiens paramédicaux mais aussi, pourquoi pas, des informaticiens, des modélisateurs, des spécialistes de l’innovation. Ainsi il devient possible d’établir des liens entre telle caractéristique du pied et telle affection de l’épaule, ou telle asymétrie du bassin, ou telle maladie chronique. Attention : il ne s’agit pas de diagnostiquer tout ce qui peut l’être, mais de compléter ou de s’insérer à un diagnostic global. Exemple ? Un patient atteint de Parkinson souffre certes de sa maladie, mais aussi potentiellement d’un déséquilibre. Si le travail de Christophe ne rendra pas sa maladie réversible, il saura peut-être gérer le déséquilibre et rendre le quotidien du patient plus vivable. C’est ce que l’on appelle la logique des calques, ces domaines d’intervention complémentaires typiques des approches dites holistiques.
Enthousiaste, passionné et militant
Christophe est du pain béni pour ses fournisseurs, les industriels qui tentent de dégager les tendances en écoutant leurs clients, lesquels ne sont pas tous aussi diserts, observateurs et inventifs. En l’entendant expliquer sa vision, car il s’agit résolument d’une vision d’avenir, ils peuvent beaucoup apprendre. On ne devine pas ce qui se passe dans la tête des témoins d’un marché. Il faut s’imprégner de leurs témoignages et en déduire les bons critères de sélection des projets innovants. Ici, il nous apprend que la santé est en train de connaître une évolution analogue à d’autres secteurs avant elle, à savoir l’organisation de la transversalité. Le Graal devient la création d’une masse de données cliniques alimentant une IA capable de détecter des corrélations vertueuses du point de vue du soin des troubles musculo-squelettiques. Idéaliste, il dit être malade quand une semelle ne parvient pas à guérir un patient et voit le plus souvent dans ces cas-là l’apport décisif que pourrait avoir un autre professionnel de santé dans son domaine. Il ne peut pas lui-même mesurer les asymétries de bassin et analyser les symptômes visibles sur le haut du corps, il n’en a ni la compétence ni le temps. Mais il sait, grâce à ses nombreuses lectures et à son expérience, que là réside la solution. Il voudrait crier aux jeunes pédicures-podologues que son métier est le plus beau du monde, il le crie en fait. Passionné et passionnant, il garde chaque patient une heure pleine. À la fois autonome et ouvert, débrouillard et avant-gardiste, il a sans l’ombre d’un doute l’étoffe d'un grand contributeur à l'innovation.
Prise de recul
Commentaire par referenceinnovation.com
Panéliste ou inventeur ?
Christophe a tout du panéliste idéal. Mais il a aussi des qualités d'inventeur, c'est à dire de cette hybridation vertueuse entre artiste et entrepreneur. À condition de trouver les bons partenaires, il peut devenir cofondateur d'une entreprise qui aurait pour vocation d'accélérer une mutation de son métier et de métiers connexes, une transformation de l'approche du patient qu'il appelle de ses voeux. Il lui faut aussi trouver du temps pour entreprendre tout en conservant son activité de praticien, condition fondamentale de l'entretien de sa vision et de sa connexion à la réalité de ses patients.
Ce dilemme est courant chez les panélistes inspirants. Il peut mener soit à des frustrations, soit à des réalisations enthousiasmantes, soit à du surmenage (parfois les trois à la fois). La voie vers le succès plein et entier est étroite. Elle est tracée par l'expérience, la formation continue et surtout des rencontres de qualité. Rien n'est plus important qu'un écosystème vertueux dans lequel le panéliste évolue en confiance, et de la reconnaissance apportée à son apport.
Réaliser un potentiel
Il faut tempérer le commentaire précédent au moins de deux façons : en soulignant qu'un bon panel n'est pas uniquement constitué d'individus connus pour leur curiosité insatiable et leur inventivité, et en insistant sur le besoin de soigner l'animation des panels auxquels sont conviés ces talents. C'est à ces deux conditions que le potentiel représenté par les participants à un "focus group", une "voix du client" ou un simple "panel", noms donnés couramment aux sessions de cocréations organisées par les organisations innovantes, est réalisable. La diversité des personnalités, des parcours et des compétences est un facteur de succès maintenant bien connu dans un tel contexte (cf par exemple lecture de design thinking). Le niveau d'adaptation - ou d'inadaptation - de la méthode d'animation à cette diversité d'acteurs est elle aussi très structurante. En particulier, au delà d'un nécessaire savoir-faire en matière de stimulation de l'intelligence collective, la capacité à brosser rapidement un modèle économique prévisionnel et à apprécier son réalisme, à connecter les points avec d'autres initiatives inspirantes, à imaginer des solutions organisationnelles ou des stratégies adaptées - tout cela de manière fluide, en complément naturel de l'apport des panélistes - est indispensable pour transformer une idée en projet.
L'exemple du jumeau numérique
Observer, reproduire, diagnostiquer, prévenir les troubles musculo-squelettiques
Le concept de jumeau numérique est une extension de ce que l'on appelait auparavant un simulateur. Dans les deux cas, un modèle reproduit la réalité afin d'analyser l'effet de perturbations voulues ou subies, de plans d'action ou d'incidents, ou d'évolution de la conception d'un objet, d'un processus ou d'un appareil. Une des différences entre les deux dispositifs réside dans les modes d'apprentissage. Ceux du jumeau numérique sont accélérés, par exemple en posant des capteurs aux bons endroits et en automatisant l'auto-génération d'un modèle compatible avec les données observées.
Soter analytics analyse en temps réel les postures au travail grâce à des capteurs posés sur le bras ou sur le dos, et avertit l'intéressé lorsqu'il doit modifier sa position pour prévenir l'apparition de troubles musculo-squelettiques. Kimea de moovency assure la même fonction, mais en recourant à la caméra d'un smartphone, les images collectées étant confiées à un analyseur dans le cloud. D'autres solutions déclinent à l'envi le concept de jumeau numérique au service de la prévention des maladies chroniques au travail.
L'enjeu de la prévention
Ces dispositifs sont certes vertueux et connaissent un succès grandissant dans la sphère professionnelle, notamment dans l'industrie. Qu'en est-il le reste du temps, dans nos activités de tous les jours ? Pourrait-on détecter à temps des processus de dégradation tels que des fibroses mal soignées modifiant progressivement une démarche, des usures osseuses ou cartilagineuses liées à une mauvaise posture, des conséquences de pratiques sportives mal encadrées ? D'après Christophe, le potentiel est énorme.
Contact
17 rue du Transvaal, 92 250 La Garenne Colombes, France
01 82 83 18 01 (boîte vocale - laisser un message)