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Des parapluies multicolores s'envolent dans un ciel citadin. Il y a des tours en arrière-plan. Image de Daniel Mingook Kim

Lean startup experience

Publication : mai 2023.

Le Lean Startup Day est une occasion unique de se rencontrer entre acteurs de l'innovation. Tous les participants ont en commun une attirance pour le neuf et surtout pour les mécanismes, stratégies, comportements et processus concourant à son émergence et à son déploiement. En particulier, la gestion du risque et la finance de l'innovation sont des thèmes très présents au cours de cette journée, témoignant de leur actualité. Ces disciplines atteignent clairement un palier de maturité après 25 ans de modes changeantes, de tâtonnements, de faux et de vrais espoirs.

Maturité

Océan bleu a déjà presque 20 ans. Le livre de W. Chan Kim et Renée Mauborgne est paru en 2004. Il a marqué une étape clé dans l'aventure académique, managériale, sociétale et technologique de l'innovation en théorisant les causes de la performance des entreprises hypercroissantes de l'époque. Depuis de nombreux auteurs et praticiens ont partagé leur savoir-faire jusqu'à aujourd'hui, où un nouveau schéma se dessine. Après avoir beaucoup investi dans l'innovation, petits et grands acteurs se demandent combien cela représente en cumulé, et combien cela a rapporté. Et surtout, si cela aurait pu rapporter plus, moins, différemment. Car on ne parle pas que de bénéfice financier dans cette affaire, mais aussi voire surtout d'impact ecosystémique.

Deux interventions parmi d'autres retiennent l'attention au cours de ce Lean Startup Day. D'un côté, Alexander Osterwalder en personne ne nous parle que de financiarisation de l'innovation. Il est visiblement en train de prendre ce virage et l'illustre avec un cas d'école issu de l'industrie pharmaceutique, laquelle mobilise des sommes faramineuses pour trouver la nouvelle molécule ou le nouveau bioprocédé qui changera la donne en cancérologie, en immunologie ou dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires. De l'autre Claus Hirzmann, expert en business cases agiles et en Lean Product Management, nous livre la logique de son logiciel d'évaluation d'un portefeuille d'innovation basé sur la théorie des options réelles.

L'approche statistique d'Alexandre Osterwalder

Le très connu Alexander Osterwalder, coauteur de best-sellers tels que Business Model : Nouvelle Génération, par exemple, entre de plein pied dans l'analyse de la valeur appliquée à l'innovation. À travers ses expériences du moment auprès de clients concernés par les résultats financiers liés à l'introduction d'offres innovantes, il décrit son approche statistique de manière fort claire, comme à son habitude. Tout d'abord il ancre dans l'esprit des participants la différence entre les phases d'exploration et d'exploitation. Puis grâce à un sondage à chaud il les fait s'interroger au sujet des implications de cette différence, notamment la thèse selon laquelle une analyse de la valeur a peu ou pas d'importance en phase amont mais en a beaucoup plus en aval, lorsqu'il s'agit de déployer ou de diffuser une offre. Mais on ne modélise pas un portefeuille de projets d'innovation comme on le fait d'un portefeuille de projets classiques. Ici la statistique est reine. Il avance les chiffres suivants : si l'innovation est transformatrice (nouveau modèle d'affaires), elle a une chance sur 10 d'être un succès et l'horizon de réalisation de sa valeur est typiquement de 10 ans ; si elle est de type ajustement (modification d'une partie des composantes du modèle d'affaire sans en changer la logique d'ensemble), ses chances de succès sont de 1 sur 5 et elle pourra aboutir dans 3 ans ; enfin, si elle est optimisatrice (évolution continue des composantes du modèle d'affaires pour les rendre plus performantes), on peut espérer réussir une fois sur deux à court terme ou très court terme. Il souligne une autre différence entre exploration et exploitation : la première est associée à des espoirs concrétisables par l'investigation ("ce que je dois apprendre pour y parvenir"), tandis que la deuxième est une histoire d'objectifs et d'atteinte de résultats attendus. Il illustre son propos par deux exemples tirés de la vie réelle, deux entreprises dont l'entonnoir d'innovation se rétrécit au fur et à mesure que l'état d'avancement des projets progresse. En conclusion, il met en avant 3 facteurs clés de succès : une implication des contributeurs à l'innovation au moins à hauteur de 40 % de leur temps, une gouvernance donnant suffisamment de pouvoir aux innovateurs et l'acceptation de la mort de 9 projets sur 10.

Claus Hirzmann et les options réelles

Claus Hirzmann est à la fois ingénieur et financier, passionné d'options réelles. Il en a fait le coeur et la raison d'être de son entreprise. Mais que sont donc ces options réelles ? Il s'agit d'une transposition des modèles d'options sur actifs financiers, bien connus des traders, vers des modèles appliqués à des actifs non financiers, par exemple des projets, et en particulier des projets d'innovation. En effet un projet est un actif qui peut et même doit être évalué, surtout lorsque la question de le financer se pose. La méthode classique consiste à en calculer la valeur actuelle nette mais elle est très controversée compte-tenu de ses nombreux biais, notamment lorsqu'il s'agit de donner une valeur à quelque chose d'aussi incertain qu'un processus d'innovation. L'approche par les options réelles est nettement plus adaptée à un tel contexte car elle est capable d'intégrer les faits et certitudes dès qu'ils deviennent connus, donc de faire évoluer la valeur de l'actif étape par étape tout au long de sa vie, jusqu'à son extinction soit par l'arrêt de l'initiative, soit par le décommissionnement d'un produit en fin de vie par exemple. Ce concept est analogue à l'évaluation du prix d'une option sur action ou sur obligation, et recourt aux mêmes théories dites de Black & Scholes, reliant entre elles les notions de prix, de prix d'exercice et de maturité de l'option, de valeur du sous-jacent exprimée en termes de probabilités cumulées, de sa volatilité et d'un taux dit sans risque. Plus le certain croit au détriment de l'incertain, plus le prix est proche ... de la réalité, d'où le nom de la démarche, qui rend compte au mieux de ce que l'on connait d'un projet, de ses scénarios de développement possibles et de ses facteurs de succès et d'échec. On peut par exemple imaginer un seuil d'incertitude au delà duquel un projet est innovant, en deçà duquel il est considéré comme "classique", et raffiner à loisir.

Claus Hirzmann a conçu et développé un logiciel capable d'automatiser cette évaluation, tout en s'interfaçant le cas échéant avec un ERP. Il a publié un papier remarqué en collaboration avec Rita Gunther McGrath, de la Columbia Business School, dans lequel il décrit un exemple concret d'évaluation de projet de développement de solution logicielle en utilisant les options réelles, le comparant à une approche classique et en déduisant un gain en précision et en pertinence décisif. Couplée à d'autres méthodes d'analyse reposant sur une modélisation du cycle de vie d'une initiative innovante, renforcée par l'usage de l'IA, on peut anticiper une efficacité très élevée de cette approche. Claus évoque par exemple le référentiel SAFe et l'indicateur de priorisation WSJF (Weighed Shortest Job First), reflétant le ratio coût du retard / taille de l'initiative.

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