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Le cloud n'existe qu'à travers ses applications
Publication : décembre 2022.
De même qu'à chaque ruée vers l'or, ce sont les vendeurs de pelles et de pioches qui tirent le mieux leur épingle du jeu, en matière de cloud, ce sont les cas d'usage les plus concrets qui gagnent la palme. À la différence des fabricants de pelles et de pioches toutefois, les artisans et industriels du cloud réunissent le plus souvent des compétences encore rares. À l'occasion d'un évènement d'une ambition impressionnante organisé par HUAWEI au palais des congrès de Paris (France), quatre rencontres permettent de comprendre les dynamiques d'innovation partageant un dénominateur commun clé : l'usage du cloud.
Synthèse réalisée par referenceinnovation.com à la suite de la tenue de l'évènement en novembre 2022 au palais des congrès à Paris.
Les ressorts de l'innovation cloud
Qu'y a-t-il de commun entre un lac de données, un automate, un processus de R&D et un algorithme de chiffrement ? La libération d'un certain nombre de contraintes grâce à l'utilisation raisonnée du cloud. Chacun des quatre professionnels rencontrés se concentre sur sa fonction, son algorithme, sa conception, sa modélisation, ses échanges humains et virtuels, sans se soucier de son infrastructure. Ce qui auparavant était un produit (des machines équipées de logiciels) est résolument devenu un service. La différenciation entre les acteurs fournissant ce service se situe au niveau de l'expérience client, comme pour tout service. D'ailleurs le mot servicisation est revenu souvent au cours des conférences et des échanges formels ou informels. Alors l'enjeu majeur pour les grands du cloud consiste d'une part à constamment améliorer les performances techniques de l'infrastructure, d'autre part à cacher la complexité de cette optimisation au client pour qu'il connaisse une expérience unique. Or le client est multiforme, depuis le géant de l'automobile jusqu'au laboratoire d'intelligence artificielle en passant par l'industrialisateur de processus et l'acteur du cloud lui-même.
Première rencontre : un industrialisateur de processus
Devant le stand le plus proche de l'entrée, trois collaborateurs d'emakin vantent les mérites de leur outil. Il s'agit d'un dispositif de BPM (Business Process Management) équipant par exemple de grandes banques. L'idée est de faciliter la construction d'applications de gestion impliquant des rôles variés, les uns validant ce que font les autres, au travers de ce que l'on a coutume d'appeler un workflow. Cette construction doit être rapide, être accessible à des non-informaticiens (logique no code ou low code), cacher la complexité du stockage de données et fluidifier le travail des opérateurs d'un back-office ou des commerciaux d'une agence. La culture du BPM est en phase avec l'esprit du cloud : masquer la complexité est un objectif majeur, afin de laisser l'utilisateur se concentrer sur sa compétence distinctive. Ainsi les données manipulées sont déclarées à travers la simple définition de champs de saisie ou de modes d'affichage, la base de données sous-jacente restant invisible si cela est souhaité (tout en restant accessible si nécessaire).
Deuxième rencontre : un constructeur automobile
Le groupe Renault a partagé en séance plénière son initiative de gestion de portefeuille d'innovation (GPI). Même si cette expression n'a pas été utilisée pour introduire le sujet, c'est bien de GPI qu'il s'agit (IPM en anglais, pour innovation portfolio management). En effet le constructeur bien connu a compilé ses projets d'innovation, a constaté leur très grande variété, a lancé une analyse de la valeur et a identifié les transversalités les plus structurantes. Le gisement de données à exploiter et à valoriser est colossal, travaillé par plus de 1000 applications différentes. Si le cloud permet de s'affranchir d'une infrastructure cloisonnante, il présente aussi des risques notamment en matière de sécurité des données hautement stratégiques, que l'intervenant souhaite protéger à terme dans un cloud souverain européen. Le patrimoine applicatif doit lui-même être adapté, car il n'a pas été pensé au départ pour une architecture ouverte (la greffe des fameuses APIs, pour application programmant interfaces, sortes de portes ouvertes sur les données).
Troisième rencontre : l'hôte HUAWEI
HUAWEI utilise ses propres services pour servir ses propres projets, en particulier sa dynamique de recherche et développement (R&D). 20 % du chiffre d'affaires est consacré à la R&D, 10 % du budget total d'innovation étant alloué à de la recherche fondamentale (par exemple en mathématiques ; notons à ce sujet que le professeur Laurent Lafforgue, médaillé Fields, a rejoint les rangs de l'entreprise). La valeur de la recherche fondamentale est mesurée à l'aune du nombre de publications. La valeur de la R&D en général est appréciée en fonction des usages plébiscités par le reste de l'organisation, dans une démarche d'innovation ouverte interne. Un OpenLab situé porte de Saint-Cloud à Paris (France) permet de démontrer un savoir-faire et de partager idées et projets.
Quatrième rencontre : un éditeur de logiciel d'intelligence artificielle
Empolis se concentre sur l'apport de valeur grâce à l'intelligence artificielle selon trois axes : le processus de décision, la documentation produit et la gestion de la qualité de service. Les trois capacités combinées ont été mises en place par exemple chez Kuka, un fabricant de robots industriels dont la performance est avant tout mesurée par le niveau de satisfaction du client, dans une logique de servicisation de ses produits. L'intelligence artificielle, une fois affranchie des problèmes de volumes, de cloisonnement et de temps de calcul grâce à un usage raisonné du cloud, est une arme stratégique particulièrement adaptée à ce type de contexte.
Gérer un portefeuille d'innovations cloud
Commentaire par referenceinnovation.com
Un modèle d'écosystème
Comment vulgariser les technologies cloud sans les dénaturer ? Comment faire se comprendre investisseurs et innovateurs, décideurs et architectes, financiers et visionnaires, tout en réalisant que ces acteurs ne se cantonnent pas à leur rôle du moment mais ont souvent plusieurs casquettes ? En pratique les cultures d'innovation sont souvent insufflées par des personnalités marquantes et l'écosystème cloud n'y fait pas exception. Car il s'agit avant tout d'un écosystème fait de grands fournisseurs et gestionnaires d'infrastructures autour desquels gravitent des partenaires. Les grands du cloud sont aussi éditeurs de logiciel et prestataires de service, prenant en charge une partie de la galaxie fonctionnelle ainsi co-couverte avec un grand nombre de prestataires complémentaires.
Une stratégie d'innovation ouverte
Parce que le cloud n'existe que par ses applications, une stratégie d'innovation ouverte s'impose. Ceci suppose de régler la position de curseurs critiques entre cybersécurité et partage, entre globalisation et adaptation aux réglementations locales, entre richesse fonctionnelle et complexité. Ces trois dimensions ne sont que des exemples à fort impact de compromis ou d'équilibres à trouver avec le maximum de finesse. Or ces réglages doivent être ajustés en permanence, au gré des découvertes quotidiennes, faisant de cette industrie la plus trépidante de toutes.
L'IA à la rescousse
Gageons que seule une IA sera capable à terme de s'y retrouver dans un jeu de contraintes si dense et si dynamique. Pour le moment, l'homme parvient encore à jongler avec les sigles, chaque trigramme ou bigramme désignant un concept plus ou moins abouti, plus ou moins mûr sur le marché, plus ou moins maîtrisé techniquement, plus ou moins concurrentiel, avec un potentiel plus ou moins prometteur. Parmi ces caractéristiques, la dernière est la plus importante, assortie d'hypothèses et de conditions de succès. La scénarisation est l'avenir de la gestion de portefeuille cloud.
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